lundi 21 septembre 2015

Ces gens qui...

Pendant longtemps les gens, surtout ceux qui ne me connaissaient pas vraiment, ne voulaient pas me croire que je souffrais de troubles alimentaires car je n'étais pas maigre comme dans les reportages à la télévision. Ils ne voulaient pas comprendre qu'une maladie ne se résume pas à un poids. On m'accusait presque de vouloir faire mon intéressante ou un truc du genre. Je n'ai jamais été une anorexique maigre à faire peur car ma mère m'a rattrapé en plein vol dans ma chute, ce qui n'empêchait pas que le reste de la maladie était là : privation de nourriture, du cardio pour dépenser les calories, aliments interdits, hyperactivité, aménorrhée...et toutes les pensées tordues de la maladie.


Il avait bien aussi ceux qui me répétaient d'arrêter mes « conneries », ça se sait bien les troubles alimentaires c'est un caprice et un manque de volonté.

Maintenant que je vais mieux et à ma grande surprise je continue à recevoir des reproches. Voilà plusieurs fois qu'on me prend à parti sur les réseaux sociaux en me disant que non que je ne suis pas guérie, que les troubles alimentaires ça se porte à vie, qu'il faut que je fasse attention à ma fille (des fois que je la rende anorexique...non je ne la prive pas de nourriture, non je ne la gave pas. Pour information ma mère n'a pas de troubles alimentaires)...

Là je reste un peu sur le cul, je sais que les gens profitent d'être derrière un écran pour se lâcher (on est si fort à attaquer gratuitement derrière son téléphone ou son ordinateur!) la réflexion en elle même je m'en fiche. Si je suis arrivée là où je suis aujourd'hui c'est bien parce que je suis parvenue à ne plus me préoccuper de l'opinion des gens. Je me dis juste « mais les gens what's the fuck ? C'est quoi votre problème ?

D'une part je n'ai jamais affirmé être guérie. Je n'aime pas ce mot « guérie », depuis toujours je le répète on va mieux mais on guérie pas. Je préfère utiliser le mot rémission (vous savez comme le cancer, j'ai toujours vu les TCA un peu comme ça, comme le cancer de l'âme). J'ai même attention très longtemps avant de dire que j'allais mieux.  Des restes oui il y en a, ce n'est pas un secret. Je sais toujours un peu près la valeur calorique de ce que je mange parce que mon cerveau le calcul inconsciemment, il m'arrive encore d'avoir des compulsions alimentaires, des fois je me vois grosse...


MAIS OUI  je vais mieux.:

  • Je vis enfin bien le fait de peser 50 kg pour mes 1,55 m, je me suis détachée de ce chiffre qui ne veut pas dire grand chose. Jusqu'à récemment je n'osais même pas dire mon poids tellement j'avais honte de ne pas être dans la dizaine des 4. Aujourd'hui j'ai un imc de 21 et non je ne me sens pas obèse. Je n'ai même pas envie de maigrir, mon corps semble se plaire à se poids, alors voilà je passe à autre chose. Je ne vais pas aliéner ma vie à cause d'un chiffre.

  • On me reproche de mettre du 34, ben oui je nage dans mon 36 il faut bien que je réinvestisse dans des pantalons.Mais j'ai beau mettre mes fesses dans une mini taille, je ne suis pas maigre et je ne veux plus être maigre. De plus, si vous n'avez pas remarqué les tailles ont changé c'est comme ça qu'on met une taille en dessous facilement même pour les chaussures. Oui je suis passée d'un 38 à un 37 et non on maigrit pas des pieds hein...

  • Je mange à tous les repas c'est à dire le petit déjeuner (ceux qui me suivent sur IG savent que le matin j'ai un gros appétit), le midi, le goûter et le dîner. Je grignote même dans la journée ou le soir. Non je ne m'affame pas, je n'ai jamais autant mangé depuis 15 ans ! Alors certaines journées sont dures parce qu'il suffit que je sois un peu fatiguée ou stressée pour avoir l'impression d'avoir trop mangé. Mais non je résiste bec et ongle, il est hors de question que je m'affame.

  • Je n'ai plus d'aliments tabous c'est à dire que je remange du riz, des pâtes, des lentilles, des pois chiche, des pommes de terre, des patates douces, des bananes, des avocats, du pain, de la pâte à tartiner, des purées d'oléagineux...Alors oui la viande je n'en mange quasi plus car je n'aime plus mais donnez moi un filet de saumon je le dévore.Quand aux aliments fris ça ne m'attire vraiment plus mais ça m'arrive de croquer quelques frites.Je ne culpabilise quasiment plus même lors de mes compulsions alimentaires.

  • J'ai appris à aimer mon corps, à aimer ses formes.

  • J'adore faire du sport, beaucoup de sport pour me défouler, pour me construire un corps musclé. J'aime voir mes muscles se développer et je me sens forte. Ma relation au corps est devenue saine, je ne cherche plus à atteindre un idéal impossible à atteindre. Je ne cherche pas spécialement à avoir plus d'abdos ou plus de fesses, je fais du sport pour mon équilibre. Le sport c'est MA THERAPIE. Mais oui je suis fière des résultats que j'obtiens et c'est énorme pour moi l'éternelle insatisfaite.

Oui je vais mieux et je ne vais pas m'excuser d'aller mieux. J'aimerais vous dire comment j'en suis arrivée là. J'aimerais avoir le mode d'emploi de la guérison des troubles alimentaires.


Mais je suis désolée je ne sais pas comment j'en suis arrivée là. J'ai avancé doucement mais sûrement. J'ai souvent chuté, j'ai pleuré pour tout une vie, j'ai voulu mourir, j'ai baissé les bras et un jour j'ai décidé d'accepter pleinement mes troubles alimentaires et de vivre au mieux avec.

J'ai la chance d'avoir une famille qui a toujours été là, d'avoir un médecin traitant compréhensif, d'avoir un amoureux qui m'accepte comme je suis, d'avoir une petite fille qui m'a donné l'envie de m'accrocher à la vie. 

Aujourd'hui je vais mieux au niveau des troubles alimentaires mais j'ai toujours peur du spectre de la dépression. C'est elle qui est à la base de tout, et elle me fait toujours très peur. Il n'y a rien de pire que de sentir un énorme trou noir en soi et de voir tout en gris.

Aujourd'hui je vais mieux mais je suis toujours handicapée par mon stress et mes angoisses, j'angoisse pour chaque rendez-vous, j'angoisse pour partir en vacances, j'angoisse de rater le gâteau d'anniversaire que je préfère. J'angoisse pour tout et n'importe quoi. Pendant longtemps ce sont mes troubles alimentaires qui canalisaient mes angoisses, maintenant j'utilise le sport. Mais je reste une grande anxieuse et ce n'est pas tous les jours faciles car une fois de plus je me bute souvent à l'incompréhension des autres.

Les gens s'arrêtent trop souvent à la partie supérieure de l'iceberg, ils ne voient pas ce qu'il y a au dessous : les doutes, les blessures, les problèmes familiaux, les problèmes de santé...

J'ai choisi de partager avant tout le positif car ce n'est pas en ressassant le négatif qu'on avance. J'ai appris à vivre au jour le jour. J'ai appris à m'émerveiller des petites choses de la vie et du bonheur des autres.

Je suis triste de voir que les gens sont obligés toujours de rabaisser les autres. Je suis triste de voir que les gens préfèrent s'intéresser au drame qu'au bonheur. Et c'est encore plus triste quand ça vient d'une personne qu'on connaissait. Après il ne faut pas se demander pourquoi j'ai du mal de me lier aux gens, avec les années je suis devenue extrêmement méfiante.

Alors on me dira « mais ignore ces gens ». Moi je dis NON il faut répondre à ces gens qui peuvent faire extrêmement de mal. J'ai de la chance d'être capable de prendre du recul, je me suis endurcie avec les années, mais que se passe-t-il pour des gens plus fagrile?

Il faut dénoncer haut et fort les remarques stupides, les remarques infondés, les remarques qui sont justes dite pour faire du mal, les remarques qui sont faite par des gens malheureux qui nous en veulent d'être heureux.
C'est quand même triste quand on y pense qu'on doit toujours se justifier : se justifier d'être malade, justifier d'aller mieux....c'est juste ABERRANT !





6 commentaires:

  1. J'aurai pu écrire moi même ce billet...
    Je te suis depuis quelques temps maintenant sur Instagram. Tu as un beau parcours, continue ainsi et ne baisse pas les bras !

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    1. Merci beaucoup :-) Baisser les bras ce n'est pas au programme ^^

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  2. Bel article...
    Les TCA sont vraiment un enfer à vivre. Et oui, nous sommes confrontés tous les jours à la nourriture (si tu ne manges pas, tu meurs) et à ceux qui pensent que c'est un caprice, je leur réponds comme toi "fuck"...
    Je suis complètement d'accord avec toi pour dire qu'on ne guérit pas de cette saloperie mais qu'on est en rémission et/ou qu'on apprend à vivre avec comme notre "meilleure ennemie" ou notre "pire amie" selon les jours.

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a toujours des idées reçues sur les TCA et je pense que c'est loin d'être acquis pour que tout le monde intègre le fait que c'est une VRAIE maladie.

    C'est super pour ta progression et je te souhaite de garder le cap

    Bonne continuation

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    1. Les gens ont en effet bien du mal de comprendre que c'est une vraie maladie. Mais le pire c'est quand les réfléxions viennent de gens qui ont de TCA...
      Merci :-)

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  3. Les gens me font pitié parfois, à croire que le jugement est obligatoire dans ce monde. Tu vas mieux ? Ça leur fait chier, parce qu'ils n'arrivent pas à aller mieux de leur côté ! Et si eux n'y arrivent pas, pourquoi t'y arriverais hein ? Il n'y a pas de raison... Alors ils essayent de t'enfoncer, à dire que t'es un mitho, et tout et tout... C'est dingue, ils me rendent folles ces gens...

    Pour te suivre depuis maintenant des mois, je suis d'accord avec toi, tu vas mieux. Ça se voit. Et depuis que je te suis, je peux même dire que tu sembles aller de mieux en mieux et t'accepter davantage au fil du temps. Alors oui, il y a toujours des bas... Mais c'est normal, ça s'appelle LA VIE !

    Fuck les rageux :)

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