vendredi 22 juillet 2016

Un an plus tard

Aujourd'hui j'avais envie de faire le point sur mon alimentation qui en une année a vraiment bien évolué. Souvent on ne se rend pas compte de nos progrès, il faut alors prendre le temps de se poser 5 minutes et de regarder derrière nous pour observer notre évolution.

Comme vous le savez probablement pendant de nombreuses années l'anorexie a fait partie de ma vie avec son lot de privations, de compulsions et de culpabilité. Pendant des années j'ai eu cette impression de me battre dans le vide et surtout que je ne verrais jamais le bout de cet enfer. Cette guerre contre moi même pour aller mieux m'épuisait puisque je faisais du sur place, à force c'est juste déprimant, on se questionne sur l'utilité de la chose puisqu'il n'y a pas le moindre résultat.

Je dirais au bas mot que ça fait un an maintenant que je remange bien (alors je ne m'affamais plus depuis la naissance de ma fille mais mon alimentation restait bien marquée par la maladie malgré tout)et pour le coup je peux dire merci à instagram. Si sur IG il y a de nombreuses filles qui se sous-alimentent il y a celles-aussi qui mangent à leur faim et de tout pour être en forme dans leur pratique sportive et en bonne santé. J'ai donc pris exemple sur elles. Je me suis rendue compte que finalement on pouvait manger plus sans grossir (enfin sans dépasser son poids de forme quoi,à un moment donné il faut accepter que notre corps est fait pour un certain poids même s'il ne correspond pas à notre idéal et à l'idéal de la société) Il y a aussi mes deux diététiciennes préférées qui lorsque j'ai un doute me rassure.

Pendant longtemps le midi j'ai grignoté yaourt et fruits...bref on peut pas dire que c'était un repas bien que j'essayais de m'en persuader...ah le déni... Je me privais aussi de nombreuses choses que j'appréciais sans forcément m'en rendre compte...disant « non non j'aime pas »...genre la galette des rois. Mais bien entendu que j'aime la galette des rois, j'ai longtemps prétexté du contraire à cause de la richesse de ce dessert.




L'été dernier j'ai commencé doucement mais sûrement à remanger pour de « vrai ». Ça s'est fait par étapes, j'ai réintégré dans un premier temps un peu de féculent et en guise de protéines je prenais un shaker. Les mois passant je suis revenue à un vrai repas de midi complet aka une grosse assiette composée de protéines, glucides, légumes et un yaourt Je ne vais pas vous mentir ça n'a pas toujours été simple, pendant longtemps la peur de grossir était omniprésente. Je me rassurais en me disant qu'au pire je savais comment m'affamer et maigrir...oui on se rassure comme on peut. Encore maintenant il m'arrive d'avoir des coups de flips mais coûte que coûte je m'accroche.

L'année dernière j'ai décidé aussi d'accepter toutes les compulsions au lieu de les repousser. De toute manière une compulsion repoussée, c'est une compulsion qui revient puissance 3. Si la compulsion est là c'est pour une raison : ça peut être la faim, les émotions... Il faut l'accepter pour passer à autre chose. Par exemple j'ai commencer à acheter un paquet de gâteau qui me faisait envie et m'autoriser à le manger en entier. Petit à petit j'ai vu mes compulsions diminuer, maintenant elles sont quasiment inexistantes. Alors des fois j'ai des petits accidents à cause du stress ou de mes émotions mais c'est franchement du pipi de chat. Je m'autorise aussi des gros moments de gourmandises parce que c'est bon et ça fait du bien au moral. Hier j'ai eu un énorme moment de colère mêlé de stress avant j'aurais ouvert le placard et mangé. Là je n'en ai pas eu envie. J'ai pleuré. J'ai accepté ce que je ressentais. J'ai accepté le fait que je ne pouvais rien y faire à part attendre que ça passe.

Ce qui a changé aussi c'est que je m'autorise tous les aliments et du coup au fil des mois les frustrations accumulées pendant des années se sont envolées. Quand quelque chose n'est plus interdit, il ne nous obsède plus, c'est aussi simple que ça. Vous n'avez jamais remarqué que plus on essaie de contrôler notre alimentation, plus ça part en grand n'importe quoi ?



J'ai d'ailleurs fait un test samedi dernier pour voir où j'en étais dans mon alimentation. J'avais acheté exprès un maxi pot de Ben & Jerry's que j'adore...aka le peanut butter cup. Avant j'aurais raclé le pot en entier car mon estomac aurait été sans fond et j'aurais appliqué la théorie du foutu pour foutu. Là à la moitié du pot je me suis arrêtée satisfaite et rassasiée. Depuis mon reste de glace m'attend dans le congélateur attendant ma prochaine envie.Avant j'aurais été hantée par ce reste de glace. J'aurais tellement été obnubilée que je l'aurais déjà avalé goulûment...maintenant ben je m'en fous. Je sais que lorsque j'en aurais vraiment envie je mangerais ma glace et que non ça ne sera pas la dernière glace de ma vie.

Tout l'hiver je me suis autorisée régulièrement de la glace, du coup ce n'est plus un aliment interdit donc je n'en ai plus envie. L'été dernier j'étais encore capable de descendre une boite de magnum à moi toute seule tout en me disant c'est la dernière fois...et j'attendais avec impatience la prochaine glace que je m'en autoriserais une .

Là à ma grande surprise je m'en balance de ma prochaine glace et ça me fait tout bizarre...et je ressens une petite fierté.

Je vois aussi que ma relation à mon alimentation s'est apaisée par rapport à mon petit déjeuner. Il n'y a encore pas si longtemps j'étais obsédée par mon petit déjeuner : le soir je pensais déjà à mon petit déjeuner...des fois je passais 30 minutes au fond de mon lit à me demander ce que j'allais manger le lendemain matin. Même si le petit déjeuner reste mon repas favoris je ne suis plus là trépigner d'impatience qu'il arrive.


Tous ces progrès ont pris du temps, je dirais une bonne année. Et avant ça il y a eu 14 autres années de combat. J'ai eu aussi des bas que j'ai combattu à bras le corps parce que non la famine et les privations je ne veux plus. Je ne veux plus de cet enfer. Je continuerais à me battre et à me méfier de cette maladie insidieuse toute ma vie car je sais que même si je vais mieux elle reste terrée dans un coin de moi.

J'ai appris à lâcher prise petit à petit, doucement mais sûrement. Le lâcher prise est très important que ce soit au niveau de l'alimentation, du sport ou du reste car à si on ne lâche pas prise on s'épuise toute seule. Et de toute manière il faut se faire à l'idée qu'on ne peut pas tout contrôler.

Je suis fière de mes petites avancées, j'y vais doucement mais sûrement, sans pression, sans me presser. Le seul mot d'ordre avancer et ne pas reculer. Je veux être heureuse, me sentir bien dans ma vie et j'ai bien compris que ce n'est pas dans l’hyper-contrôle de son alimentation ou de son corps qu'on trouve le bonheur.



Si vous aussi votre relation à l'alimentation, à votre corps est difficile, ne perdez pas espoir. Le combat peut être long mais il en vaut largement la peine.Le bonheur ne se trouve pas dans un corps parfait, dans un poids, une alimentation parfaite. Le bonheur c'est plus une manière de voir la vie et tant qu'on reste centrée sur soi-même on ne peut pas s'en rendre compte.

Je vous souhaite une douce soirée et vous embrasse.


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